Un ancien lobby boy nous raconte sa rencontre avec Mr. Gustave (Ralph Fiennes), un brillant major d’homme qui lui a tout appris de l’hôtellerie. L’attirance de Mr. Gustave envers les femmes âgées lui méritera d’être inclus dans le testament d’une de ses conquêtes. Cette inclusion au testament mettra en retour Mr. Gustave dans la mire de la famille vorace de la vieille qui n’entendra pas à partager leur héritage avec Mr. Gustave.
Intérêt
Wes Anderson est mon deuxième réalisateur favori (après les frères Coen). Je suis tombé sur son deuxième film un peu par hasard, Rushmore, mettant en vedette Bill Murray qui a accepté de jouer dans ce film gratuitement tellement il aimait le script. Dès ce film, on pouvait sentir la dense signature du cinéaste qui définissait déjà un langage visuel bien à lui. Je vous invite à visionner ce vidéo qui présente quelques aspects de ce glossaire Wes-Andersonien, mais voici quelques éléments qui reviennent presque systématiquement:
- Division du film en chapitres clairement titrés
- Ambiance et mise-en-scène théâtrale, des plans de caméra symétriques
- Plans au ralentis avec musique
- De longues séquences en mouvement (souvent latéral) incluant beaucoup d’interactions entrant et sortant de l’image.
- Généralement, un plan style maison de poupées ouverte permettant de voir ce qui se passe simultanément dans chacune des pièces des différents étages
- Des personnages qui regardent directement vers la caméra (regardez la bande-annonce de Grand Budapest Hotel et comptez les plans où les personnages regardent vers la caméra, vous verrez ce que je veux dire…)
- Bill Murray, Jason Schwartzman, Owen Wilson et bien d’autres acteurs fétiches.
- Depuis The Fantastic Mr. Fox: des scènes d’action cartoonesques.
J’étais sous l’impression que la production des films de Wes Anderson, aussi merveilleux soient-ils, n’était pas une entreprise profitable. Il semblerait que j’ai tord, si l’on en croit le tableau suivant :
Film | Budget | A récolté |
Rushmore [86%] | 20M$ | 132 000$ |
The Royal Tenenbaums [75%] | 21M$ | 71M$ |
Life Aquatic with Steve Zissou [62%] | 50M$ | 35M$ |
The Darjeeling Limited [67%] | 17,5M$ | 35M$ |
Fantastic Mr. Fox [83%] | 40M$ | 21M$ |
The Moonrise Kingdom [84%] | 16M$ | 66M$ |
Total | 164,5M$ | 228M$ |
Les montants proviennent de imdb.com et les pourcentages représentent le Metascore obtenu sur Metacritic.com.
Je suis toujours au rendez-vous le premier soir de la sortie des films de Wes Anderson et rarement les salles sont-elles pleines. J’ai d’ailleurs été surpris de tomber sur une représentation complète le soir de la parution à Montréal, alors que le film jouait dans deux salles (deux!) dont une AVX (AVX!!). J’ai pu voir le film à 22h30, tardivement, dans une salle AVX presque pleine. Cette montée en popularité de Wes Anderson est réjouissante. Comme chacun des films précédents, je croise mes doigts pour un premier Oscar pour un film de Wes Anderson, peu importe la catégorie (le film a un potentiel sur une vaste gamme de catégories d’ailleurs).
Ceci me ramène à Grand Budapest Hotel! Le film est extrêmement bien reçu par la critique avec un Metascore 87% et obtient une couverture médiatique d’une intensité dont je ne me souviens pas avoir vue pour un film de Wes Anderson. Ralph Fiennes (Voldemort) et Jude Law apparaissent pour la première fois dans un de ses films tandis qu’Edward Norton, Tilda Swinton et Adrian Brody sont de retour. D’ailleurs, la brochette d’acteurs qui font leur apparition, parfois très brièvement, est impressionnante(voir imdb)!
Verdict
C’est du bonbon en image! Il n’y a que Wes Anderson pour créer une telle atmosphère. Tout es faux et plastique mais on y croit et on s’y laisse charmer. On retrouve tous les éléments qu’on adore des films de Wes Anderson : mise-en-scènes absurdes (Lobby Boy et Mr. Gustave partageant nouvelles et poèmes alors que Mr. Gustave Vient de s’évader de prison et devrait s’enfuir à toute jambe) et décors flamboyants surréalistes, agrémenté par une trame sonore typique des films d’Anderson.
Attelez votre anglais Ralph Fiennes use de sa qualité d’acteur shakespearien avec finesse et rapidité : Gustave H. a un discours raffiné et poétique, mais j’avoue que j’aurais pris des sous-titre lorsque ce dernier parlait. Ceci dit, je ne verrais personne d’autre assumer ce rôle léger en apparence mais extrêmement complexe en performance, Ralph Fiennes est définitivement dans son élément et possède si bien Gustave H. qu’il semble nous le rendre sans effort. Le casting est en soit un plaisir à découvrir dans les films de Wes Anderson. À l’instar de Jean-Pierre Jeunet, Anderson a ses acteurs fétiches qui reviennent à chaque film et qui ajoute à l’amusement que procure ses films : on prend plaisir à découvrir quel rôle assumeront chacun d’entre eux. Ils fonctionnent toujours très bien dans l’univers Andersonien et à chacune de ses fables on ajoute de nouvelles figures dont on découvre la compatibilité avec cet univers. Alors que Moonrise Kingdom avaient comme nouveautés Edward Norton et Tilda Swinton, The Grand Budapest Hotel, en plus de Ralph Fiennes, nous révèle Jeff Goldbloom dans le rôle de l’avocat/notaire que je ne serais pas surpris que l’on revoit dans de prochains films d’Anderson, en plus de confirmer Willem Dafoe qu’on n’avait pas revu depuis Life Aquatic.
L’ensemble des scènes sont fort divertissantes, mais je ne pourrais pas dire que l’ensemble de l’histoire racontée est mémorable ou passionnante en soit. On passe d’un endroit à l’autre avec suffisamment de cohérence et on se plait à accompagner Mr. Gustave et son Lobby Boy dans leur péripéties cartoonesques. J’en ai un peu contre le dénouement que m’apparait une sortie peu trop rapide et facile, mais ça va, rendu là on a eu suffisamment de sucre et on consent que toute bonne chose a une fin.
Il s’agit d’un excellent film de Wes Anderson qui devrait satisfaire tant ses adeptes que ceux qui le découvriront pour la première fois. Je suis toutefois d’avis que ses films sont nettement plus exaltants à regarder lorsqu’on a vu l’ensemble de son oeuvre. Si ce n’est déjà fait, rendez-vous service et explorez ses précédents films. Chaque film ajoute certains éléments à sa signature cinématographique, ce qui me rend toujours curieux de découvrir l’évolution qu’il a de film en film.Pour l’instant, je continue de préférer Moonrise Kingdom et The Fantastic Mr. Fox, mais Grand Budapest Hotel reste ancré dans ma tête depuis que je l’ai vu et j’ai l’impression qu’il a le potentiel d’évoluer pour possiblement devenir mon film préféré de Wes Anderson.
Aperçu Avis
Ambiance
Récit
Acteurs
Plaisir général
Résumé : Un autre film de Wes Anderson d'une grande qualité, du bonbon pour les yeux.