Corée du Sud; 2012
Réalisateur : Kim Ki-duk (김기덕)
Kang-do est un sociopathe orphelin dont l’emploi est de casser les jambes (ou amputer d’autres façons créatives) les clients de son patron qui ne paient pas leurs dettes. Il est cruel, sans empathie aucune. Le film explore l’idée suivante : comment un tel personnage dévoué de sentiments réagirait si, après avoir été absente toute sa vie, sa mère le retrouvait, navrée et tentait de renouer avec lui, acceptant inconditionnellement ce qu’il est devenu.
Intérêt
Ma curiosité envers Pietà a été piquée surtout parce qu’il a été nominé comme meilleur film de l’année aux Grand Bells Awards de la Corée du Sud en 2012. Le film a été apprécié de toute part : 77% sur Douban, 7.2/10 sur IMDb, nominé pour meilleur film dans plusieurs festivals et remportant le Lion d’Or du festival international de film de Venise, une première pour un film sud coréen.
Verdict
Il est évident que Kim Ki-duk est un réalisateur de talent et qu’il sait ce qu’il fait. Le film jouit de plusieurs qualités. L’une de celles qui m’a le plus impressionné est la facilité avec laquelle le réalisateur nous transporte dans l’univers de Kang-do. On croit à cet horrible personnage au coeur glacé, son univers est cohérent, ça prend un tel sociopathe pour pouvoir faire un tel métier, on croit à sa méthode tant pour handicaper ses victimes que pour réclamer le montant de leur dette. On croit à son style de vie en solitaire et ses habitudes alimentaires particulières. Nous ne sommes pas à Seoul, on est plutôt dans un contexte plus pauvre et ouvrier, et c’est tant mieux, j’en ai apprécié la diversité du décor.
Le développement interpersonnel entre Kang-do et sa mère retrouvée est lui aussi généralement cohérent ce qui rend l’exercice particulièrement intéressant, d’autant plus que les acteurs rendent des performances sans faille, des personnages principaux aux rôles de soutien.
Ce qui m’a laissé perplexe dans Pietà est la déviance qui s’y trouve. Déjà au cours des cinq premières minutes on y voit un suicide, de la masturbation gratuite (cachée mais quand même, inutile) et de la torture. Davantage de torture et des scènes de viol et d’inceste suivront. C’est si provoquant que j’ai l’impression que le seul objectif était justement d’être déviant, offrant au public un buffet gratuit de scènes déviantes. J’irais même jusqu’à dire que j’ai cette étrange impression que le seul but est d’essayer de créer un film qui soit encore plus choquant que Old Boy l’a été, ce grand succès international sud coréen.
Mais comme je ne définis pas la qualité d’un film par sa capacité à être pire que Old Boy, j’ai de la difficulté à accepter la pertinence de ces scènes dans le film, et puisqu’elles y sont si importantes, je questionne donc la pertinence de ce film.
Conclusion
Je suis peut-être trop sensible. Alors que la scène local sud-coréenne et internationale semble avoir plutôt apprécié Pietà, j’ai pour ma part eu de la difficulté à accepter ce qui nous y est montré. Ce n’est pas pour les âmes sensibles, ce que je suis sans doute. Pour les autres, c’est un film introspectif et quasi-philosophique dont le propos est intéressant et surprend du début à la fin.
Résumé : Intéressant mais désagréablement déviant Aperçu Avis
Ambiance
Récit
Acteurs
Plaisir général